L’apprentissage et l’imitation, l’art du « faux-modèle »

Pour éviter une utilisation précoce et aliénante de l’imitation dans l’enseignement, l’action du maître consiste, face à une problématique, à donner les éléments d’une solution sans permettre pour autant, l’imitation à l’identique, je nomme cela un faux-modèle.

Car une bonne solution n’est pas reproductible, elle nécessite d’être actualisée, c’est à dire adaptée exactement à toutes les caractéristiques de la problématique du moment présent. Même le grand pianiste Horowitz ne reproduisait pas ses interprétations géniales, car il savait que leur valeur était liée à la coïncidence de l’instant, à l’actualisation.

Voici un exemple de faux-modèle :
j’improvise une séquence rythmique sur un temps défini et propose à l’enfant d’improviser à son tour en utilisant le même laps de temps. Naturellement, l’enfant a tendance à reproduire le même rythme que le mien. C’est là qu’apparaît le faux-modèle : je complexifie ma production jusqu’à ce que l’élève soit incapable de l’imiter. Mon rythme complexe est un modèle en ce sens qu’il donne toutes les caractéristiques temporelles, mais le fait qu’il soit inimitable par sa difficulté (faux-modèle) permet à l’enfant de chercher sa propre manière d’organiser le temps, il est ainsi encouragé à inventer son propre rythme.

Voilà comment, grâce au faux-modèle, l’imitation peut être régulée et maîtrisée pour apporter ses richesses sans pour autant, nuire à la libre expression.

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