Le point d’inflexion : le bon moment pour apprendre !

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Comme pour un marin qui vire de bord, et qui va, pour cela, conjuguer le vent, la vitesse, l’inclinaison et surtout, attendre le moment de déclenchement pour éviter que les voiles ne faseillent, le professeur doit examiner le bon moment pour déclencher l’apprentissage.

 

Dans un premier temps, l’éveil musical dans le cours Kaddouch, apporte des connaissances implicites intégrées dans l’épisode musical, dans la tranche de vie affective du cours de groupe. L’enfant comprend la musique et la parle sans le savoir, comme une langue naturelle dont il n’a pas encore une vue réflexive sur la grammaire ni la syntaxe.

 

À ce point d’inflexion, la lecture peut apparaître à tout moment comme un savoir-faire qui émerge, comme une étincelle, en couplant harmonieusement les connaissances implicites acquises. Illustrant la fulgurance apparente de ces acquisitions, il arrive que des enfants sortent de notre cours de musique en disant : « Maman, Papa, je sais lire ! » de la même manière qu’un enfant bilingue s’aperçoit, lors d’un voyage dans un pays qu’il découvre, qu’il sait répondre à des questions dans une langue qu’il n’avait pas encore validée.

 

Si on prend l’exemple du vélo. L’enfant tient en équilibre, par le miracle d’un instant ! Toutes les expériences accumulées se sont fusionnées à un moment donné pour permettre à l’enfant de tenir en équilibre sur son vélo, il a subitement saisi la notion d’équilibre cinétique.

 

Pour saisir le moment idéal d’un apprentissage, c’est à dire le point d’inflexion pendant lequel l’enfant est prêt à acquérir un savoir, une technique, j’ai conçu des gestes et des postures pédagogiques adaptés à cette problématique et intégrés dans des dispositifs pédagogiques (Cf. La Pédagogie Kaddouch® en 5 Points, III. Les niveaux de présence).

 

 

Deux dispositifs

 

Voici deux dispositifs que j’utilise pour provoquer et déclencher la lecture et l’écriture chez le tout-petit : « le crayon de l’ourson » et « ballon-vole ».

 

1. Le crayon de l’ourson, « l’oeil qui se plisse »

 

Lors d’un cours d’éveil musical, je présente un petit ourson en peluche qui attrape un énorme crayon et qui trace des courbes diverses, entre dessin et écriture. Ce petit ourson apprend manifeste- ment à écrire et ses gestes sont maladroits, mais il arrive malgré tout à fixer des formes dans l’espace. Il est alors fascinant d’observer les enfants qui sont prêts à lire et qui plissent les yeux, curieux de suivre et de comprendre ce que l’ourson dessine, à l’opposé de l’attitude distraite des enfants pour qui cette action n’a pas encore de résonance.

 

Dans nos écoles, nous concevons un âge développemental et non biologique. Un enfant qui plisse les yeux manifeste assurément un intérêt pour la lecture, l’expérience montre que ces jeunes enfants attentifs aux courbes du crayon, sont prêts à aborder la notion de signification. Alors quel que soit leur âge, nous allons leur proposer cette activité en l’adaptant à leurs attentes.

 

2. Ballon vole

 

Un autre outil que j’utilise souvent pour provoquer et déclencher l’apprentissage de la lecture et de l’écriture est le ballon. Ecrire une mélodie sur un ballon gonflable répond à plusieurs objectifs essentiels.

 

Visualiser pour rendre plus concret

 

Écrire une petite mélodie sur la portée dessinée sur un ballon
permet, dans un premier temps d’élaborer une image concrète, incarnée de la musique, de ces notes qui flottent dans l’air
jusqu’à nos oreilles
et qui sont en mouvement diffus sans que l’on
puisse pour autant les attraper… Et pourtant, dans notre cas on peut attraper le ballon, et avec lui la musique qu’il transporte.

 

L’écriture génératrice d’un plaisir différé

 

Dans un second temps, une solution nous semble offerte pour « mettre le doigt » sur la musique, pour la voir physiquement, et cette solution c’est l’écriture. Cette musique dont on sait qu’elle se déplace dans l’air, dans l’espace, avec une durée (donc se déplaçant aussi dans le temps), on peut désormais la lire dans l’espace qu’offre la surface du ballon et dans la durée qu’une phrase écrite implique lors de son écriture, de sa lecture puis de sa réalisation chantée ou jouée. Ceci est en soi une révolution, car l’enfant qui connait déjà le plaisir d’écouter et de jouer de la musique, découvre maintenant la possibilité de conserver ce plaisir à travers le temps et l’espace, en maîtrisant cet outil qu’est l’écriture.

 

Créer l’urgence pour engager un processus d’apprentissage

 

Le ballon possède cet atout majeur de pouvoir déclencher une situation d’urgence : le ballon se dégonfle, peut se crever, etc… Son message est éphémère et la conservation du plaisir musical incite vivement l’enfant à préserver ce message. Cette urgence est une motivation supplémentaire quant au fait de retenir la musique.

 

Encore une fois ici, l’écriture offre la possibilité de recopier le message ou de mobiliser les compétences de son entourage pour en conserver la trace.

 

Socialiser l’action

 

À tout ceci s’ajoute le fait que ce ballon est un cadeau mais aussi un jouet auquel l’enfant accorde son attention.

 

Un scénario pédagogique

 

Cette mise en scène de l’apprentissage, ce cadeau qu’est le ballon, met en valeur la notion de posture pédagogique. Il y a d’un côté l’apprentissage des notes, des codes, et d’un autre, le moteur de ces apprentissages : le sens, la raison pour laquelle ils s’effectueront. Le sens est un moteur propre à mobiliser les forces et l’énergie nécessaires à l’acquisition de données nouvelles.

 

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