« Quand l’élève est prêt, le maître arrive. »
Cette phrase souligne le fait d’être prêt à apprendre, elle valide le fait qu’il y a un moment opportun, une inclinaison, un point d’inflexion pour l’apprentissage, un moment où tous les signaux sont au vert. Ce moment clé (être prêt) a des particularités, il a une signature physiologique qui regroupe et syntonise l’activation de plusieurs postures et fonctions allant de l’attention au lâcher prise actif, de la flexibilité cognitive à la cristallisation. Cet état, riche et complexe, je l’appelle «l’état d’apprentissage» : une posture que ma pédagogie a pour but de déclencher du tout-petit à l’adulte, du débutant au professionnel. Dans mon système théorique, je le nomme le flux présentiel.
(A Pedagogy of Creation, Robert Kaddouch, éd. Rowman & Littlefield)
Pour accéder à l’état d’apprentissage, pour activer la force d’apprentissage, il est nécessaire tout d’abord d’inhiber l’idée d’objectif, on mobilise d’abord une dynamique, un élan, sans fixer d’objectif.
Le savoir n’est ni nommé, ni construit, il est à deviner. On ne nomme pas, on ne construit pas, on ne cible pas, on réveille une fonction qui va ensuite désigner un objectif d’apprentissage. Car « Faire, c’est réussir » (re uscire, révéler), le savoir apparaît par l’action, il s’expose comme un magma se cristalise pour donner du diamant. À ce stade, ce qui est important, ce n’est pas ce que l’enfant fait, mais ce qu’il en fait.
Examinons en détail la conjonction d’actions qui composent cet état d’apprentissage :
Le Potentiel individué
C’est le potentiel qui a émergé lors de l’Improvisation Heuristique et qui a été conscientisé et opérationnalisé au cours des leçons de musique. Il représente, pour chaque élève, la richesse la plus sûre et la plus particulière. Ce potentiel individué va se mettre en résonnance, va se syntoniser avec l’apprentissage proposé à un instant donné. Ce que l’on est en voie d’acquérir peut-il se conjuguer avec nos richesses propres ? En quoi la nouveauté peut-elle faire palpiter ce potentiel ?
Le Potentiel ciblé
Ce sont les fonctions spécifiques à l’apprentissage que l’on veut réaliser. Les compétences visuo spatiales et le repérage des notes sur le clavier par exemple.
Le Potentiel d’apprentissage
C’est « une force qui va » (Victor Hugo), un sentiment intellectuel qui nous rend prêt à allumer ce que l’on va apprendre (apprehendere, allumer un feu – « Apprendre à lire, c’est allumer un feu, toute syllabe épelée étincelle » V. Hugo), c’est une émotion qui nous fait vibrer.
Et la conjonction de ces trois potentiels déclenche un état qui donne à l’acte d’apprendre, la même force vitale que l’acte de manger ou de respirer.
Apprendre comme on respire, quel beau projet !
