L’art d’accompagner

L’accompagnement proprioceptif


L’accompagnement proprioceptif, outil d’opérationnalisation du dialogue critique musical, permet à l’enseignant, en improvisant à quatre mains sur le piano, de dialoguer musicalement avec l’enfant, pour lui permettre d’improviser des séquences qu’il ne parvient pas à effectuer seul, où qu’il pressent mais dont il n’est pas prêt à trouver la mise en oeuvre.

Cet outil-clef de la méthode Kaddouch ne consiste donc pas à accompagner l’enfant au sens strict. Il ne s’agit nullement de le contempler, de le laisser faire ce qu’il veut, ou de l’aider à sa demande.

Au contraire, l’accompagnement proprioceptif est une posture interventionniste.

Cependant, il ne s’agit pas non plus d’intervenir tout le temps. Il faut savoir laisser à l’enfant le temps de découvrir, de s’approprier, de créer. L’intervention doit être opportune, le maître doit parfois amener l’élève dans la direction opposée à celle qu’il emprunte, s’il pense que les moyens utilisés par l’élève vont dans le sens contraire de ce qu’il souhaite vraiment.

Improvisation publique à la comédie des Champs Elysées


Toutefois, accompagner ne signifie en aucun cas « amener coûte que coûte » l’élève où l’on pense qu’il veut aller. L’accompagnement est une empathie reconduite en permanence, une forme de conductibilité propre au professeur, qui transforme l’image qu’il se fait du désir de l’élève en situations pédagogiques appropriées au développement de ce désir. Insistons sur ce point fondamental, la conductibilité propre à l’enseignant consiste à émettre une hypothèse, à la vérifier, à la développer, à la modifier quand le besoin s’en présente, dans un continuel va-et-vient qui favorise, au final, une progression.


C’est de cette façon que le professeur évite de retomber dans une pédagogie transmissive qui consisterait à soumettre l’élève à un projet musical constitué une bonne fois pour toutes (il faut apprendre tels morceaux, tel type d’improvisation, d’interprétation, etc.) et donc fatalement
immobile et impersonnel.


Dès lors, on comprend que la satisfaction de l’élève reste un indicateur, même si elle n’est pas le seul indicateur pertinent : si l’enfant progresse sans inventivité, s’il se contente de prendre du plaisir ou de faire ce qu’on lui dit de faire, il est clair que l’accompagnement proprioceptif s’avère alors un échec.

Cet accompagnement doit rendre possible le développement de l’autonomie de l’élève, c’est-à-dire de sa capacité à innover en matière d’improvisation, de composition, ou d’interprétation.

Partager l'article :

Nos dernières actualités
Blog

Une pédagogie du Silence

A quel moment donne t-on une connaissance, réalise t-on un apprentissage ? C’est la question du point d’inflexion. En guise de réponse, je dirais qu’il

Lire l'article »