Frapper le temps quand on est petit
Comment demander à un bébé ou à un tout-petit de frapper les temps pendant que l’on chante une chanson ou pendant qu’il entend une musique ?
Faut-il le contraindre à réaliser ce qui, jusque là, n’avait aucun sens pour lui ?
Non, évidemment ! D’autant que le mouvement fluide, le geste libéré, sans marquage, est une déjà une expression rythmique, ce que Pierre Boulez appelle “le temps lisse”, par opposition au “temps strié” dont il est question ici.
Avant d’apporter quelconque enseignement ou information, il est important que, par la démarche d’aménagement cognitif, l’enfant ait saisi ce que cet enseignement allait apporter et améliorer en lui. Il faut écouter et donner le sens . C’est l’aménagement cognitif : (voir la vidéo correspondante sur la chaîne youtube “Pédagogie Kaddouch”) https://www.youtube.com/@PedagogieKaddouch/videos
Chercher l’ancrage d’un apprentissage
Frapper la cadence (CADERE, en latin, veut dire tomber ) c’est frapper ce qui tombe, frapper quand ça tombe. Pour percevoir ce qui tombe, il faut donc être sensible à la pesanteur et jouer avec elle, pulser. Le bébé est un chercheur qui a des intuitions physiques
Or, depuis la communication d’Einstein et de Piaget, nous savons que les bébés ont des intuitions physiques. De plus, ils sont de véritables chercheurs, expérimentateurs.
Laisser tomber 15 fois de suite sont doudou n’a rien d’apaisant pour la maman ou le papa qui ramasse, mais c’est une véritable séance d’expérimentation des lois physiques pour le bébé.
Galilée et la pesanteur
En mettant une rampe sur le clavier, je reproduis l’expérience qui a permis à Galilée de démontrer l’effet de la gravité sur l’accélération. Sur son plan incliné, il a laissé rouler des billes qui faisaient tinter des clochettes, puis, par un système de mesure des espaces et des intervalles entre les sons des clochettes, il a démontré la notion d’accélération.
Mon dispositif de cours
Première étape : En faisant rouler les balles sur la rampe dans un premier temps, le bébé perçoit qu’elles roulent toutes seules, mues par une force invisible, la gravité.
Deuxième étape, je positionne le petit canard à bascule qui rationne, rationalise, régule cette force en retenant, relâchant ….. et l’enfant perçoit la pulsation comme étant une régulation, répartition d’un flux continu.
Cette démarche d’amorçage cognitif a donc permis à l’enfant de trouver l’ancrage de la pulsation. Il a perçu ce que, même les plus grands, ne peuvent comprendre par l’explication : frapper une pulsation, ce n’est pas attraper des mouches, ce n’est pas frapper dans les mains au signal ! c’est gérer un mouvement fluide et continu en le ponctuant pour le maîtriser, tel un Kayakiste met des coups de rames pour gérer sa trajectoire.