Le Cours d’Eveil Musical Kaddouch®
Le processus d’apprentissage chez le tout-petit
Installé autour du piano comme devant son coffre à jouet, l’enfant est à l’écoute des multiples propositions musicales du professeur. Il va alors choisir, composer ses personnages et construire son action, ses propres histoires, ses scénarios.
Il ne s’agit pas, pour le professeur, de raconter une histoire, mais de créer un beau moment, de générer une tranche de vie dont l’histoire musicale élaborée avec les enfants, le scénario, favoriseront des apprentissages de plus en plus complexes. Ce qu’offre la méthode Kaddouch à l’enfant, ce n’est pas un temps de divertissement, d’activisme ludique, ce sont de réels moyens d’expression qui l’épanouiront et le nourriront tout au long de sa vie.
Ainsi, chaque enfant du groupe d’éveil musical participe au scénario, il construit l’évènement et il se construit par l’évènement. L’histoire développée est aussi la sienne.
Deux points sont à préciser :
1. L’importance de l’éducation d’un l’individu au sein d’un groupe.
Chacun existe avec ses particularités. Le professeur permet à chaque enfant de générer, au sein du groupe, une approche individuelle de l’apprentissage
2. Les attentes de l’adulte, frustrantes et inhibantes pour l’enfant.
Chanter et frapper des mains, par exemple, ne sont pas les seuls signes d’activité d’expression musicale. N’attendez rien de lui, laissez-le capter le moment et se retrouver dans l’instant. L’important n’est pas ce qu’il fait pendant le cours, mais ce qu’il en fait. Observez-le plutôt pendant les jours qui suivent les séances !
Dans ce cadre, le rôle du maître consiste à :
– 1. Participer à l’élaboration du scénario en se soumettant tout d’abord, aux idées de l’élève
– 2. Rappeler à l’enfant ses choix précédents, réactiver les scénarios antérieurs, lui permettre de renouer avec la mémoire de ses goûts profonds, déjà évoqués lors de cours passés, eux-mêmes confrontés à l’épreuve de l’actualisation. L’ensemble de ces associations, nouvelles et familières appartenant au scénario, vient alors interagir avec l’histoire personnelle permettant la formation potentielle d’un souvenir fort, d’une trace mnésique chargée affectivement De ce conflit constructif émergera l’épisode pédagogique1, comme «une tranche de vie». L’épisode pédagogique constitue l’étape cruciale du contexte d’apprentissage, considéré comme écrin à la nouveauté2
– 3. Introduire une altération, une incongruité dans le scénario, un élément savamment déstabilisant, à la fois constructif et provocant, dont la fonction est de stimuler l’apprentissage. De ce remodelage naît la capacité d’apprendre, car apprendre c’est intégrer du nouveau. En associant les éléments du cours, étrangers à son quotidien, aux événements de son histoire personnelle, l’enfant stimule la dynamique d’apprentissage .
Ces trois actions pédagogiques consistent donc à soutenir, valider ou bloquer les productions de l’élève pour actualiser, dans le sens de transformer l’émotion, la connaissance, en acte. Et cette opération d’actualisation-appropriation permettra à l’enfant de créer, nous l’avons vu, une nouvelle séquence dont les exigences et caractéristiques sont différentes de celles qui ont primé lors de la mise en forme du premier scénario. Le scénario ainsi réalisé obtiendra, dès lors, les meilleures caractéristiques de plaisir pour l’enfant, favorisant alors une meilleure consolidation mnésique.
L’enfant élabore ainsi, chemin faisant, ses zones de réussite, il crée son espace, il fait exister le territoire de ses goûts . L’ancrage, c’est à dire le choix optimal parmi les zones de réussite, restera toujours le fil conducteur. Il va agir tel un levier pour permettre à l’élève d’accéder à une expression juste, celle de son propre univers sonore qu’il va projeter vers l’apprentissage.
Dans la phase de récupération des souvenirs du scénario, on observera que les stratégies de récupération jouent un rôle essentiel dans les capacités de flexibilité mentale3fondamentales à la dynamique d’apprentissage. On peut dire que la récupération stimule la fonction d’apprentissage, elle est un acte d’apprentissage qui apparaît comme un acte unique, personnel et créatif, utilisant l’élan de reviviscence comme potentiel d’apprentissage.
À cette étape du développement, le rôle interventionniste du maître est essentiel car il permet à l’enfant de sortir en permanence de ces boucles répétitives qui le conduiraient à un échec expressif. L’idée éducative consiste à établir la médiation permettant à l’enfant d’utiliser ses propres forces, son potentiel, et utiliser ses capacités naissantes de flexibilité mentale pour valider ses propres objectifs en vue d’une création, d’un apprentissage.
Pour résumer, le scénario implique une élaboration de données informatives et éducatives dans un espace personnel émotionnel stimulant la mémoire épisodique et permettant leur extraction-sémantisation dans un ordre et un temps jugé opportun par l’élève ou le professeur. Le moment venu de l’apprentissage, l’enfant se place au centre d’un univers qui est le sien, on pourrait même dire qu’il est au centre de la création de son univers.
Ainsi, l’enfant apprend à apprendre, il initie une dynamique d’apprentissage, il comprend qu’apprendre n’est pas rabâcher une information, mais constituer un écrin à la nouveauté, choisir la meilleure situation qui permettra d’accueillir la nouvelle information, puis évaluer la meilleure dynamique de restitution, considérant qu’actualiser, c’est créer. Et créer, c’est apprendre.